Le livre s’ouvre par une scène dans un taxi. René, l’amant d’O, l’amène au lieu secret à Roissy pour la livrer à d’autres hommes. Volontairement, elle y devient une esclave sexuelle. Avec l’approbation de René, elle est enchaînée, fouettée et violée par plusieurs hommes:

On la fit tourner, et la chaleur du feu état contre ses reins. Une main lui prit un sein, une bouche saisit la pointe de l’autre. Mais, soudain elle perdit l’équilibre et bascula à la renverse, soutenue dans quels bras ? pendant qu’on lui ouvrait les jambes et qu’on lui écartait doucement les lèvres ; des cheveux effleurèrent l’intérieur de ses cuisses. Elle entendit qu’on disait qu’il fallait la mettre à genoux. Ce qu’on fit. Elle était très mal à genoux, d’autant plus qu’on lui défendait de les rapprocher, et que ses mains liées au dos la faisaient pencher en avant. On lui permit alors de fléchir un peu en arrière, à demi assise sur les talons comme font les religieuses.
« Vous ne l’avez jamais attachée ?
— Non, jamais.
— Ni fouettée ?
— Jamais non plus, mais justement… » C’était son amant qui répondait.
« Justement, dit l’autre voix. Si vous l’attachez quelquefois, si vous la fouettez un peu, et qu’elle y prenne plaisir,
non. Ce qu’il faut, c’est dépasser le moment où elle prendra plaisir, pour obtenir les larmes. »

On fit alors lever O et on allait la détacher, sans doute pour la lier à quelque poteau ou quelque mur, quand quelqu’un protesta qu’il la voulait prendre d’abord, et tout de suite – si bien qu’on la fit remettre à genoux, mais cette fois le buste reposant sur un pouf, toujours les mains au dos, et les reins plus haut que le torse, et l’un des hommes, la maintenant des deux mains aux hanches, s’enfonça dans son ventre. Il céda la place à un second. Le troisième voulut se frayer un chemin au plus étroit, et forçant brusquement, la fit hurler. Quand il la lâcha, gémissante et salie de larmes sous son bandeau, elle glissa à terre : ce fut pour sentir des genoux contre son visage, et que sa bouche ne serait pas épargnée. On la laissa enfin, captive à la renverse dans ses oripeaux rouges devant le feu. Elle entendit qu’on remplissait des verres, et qu’on buvait, et qu’on bougeait des sièges. On remettait du bois au feu. Soudain on lui enleva son bandeau. La grande pièce avec des livres sur les murs était faiblement éclairée par une lampe sur une console, et par la clarté du feu, qui se ranimait. Deux des hommes étaient debout et fumaient. Un autre était assis, une cravache sur les genoux, et celui qui était penché sur elle et lui caressait le sein était son amant. Mais tous quatre l’avaient prise, et elle ne l’avait pas distingué des autres.

On lui expliqua qu’il en serait toujours ainsi, tant qu’elle serait dans ce château, qu’elle verrait les visages de ceux qui la violeraient ou la tourmenteraient, mais jamais la nuit, et qu’elle ne saurait jamais quels étaient les responsables du pire. Que lorsqu’on la fouetterait, ce serait pareil, sauf qu’on voulait qu’elle se voie fouettée, qu’une première fois elle n’aurait donc pas de bandeau, mais qu’eux mettraient leurs masques, et qu’elle ne les distinguerait plus.1Pauline Réage, Histoire d’O, (Paris: Jean-Jacques Pauvert, 1954; imprimé, Paris: Fayard, 2012), 39-41.

Que sauf les mains qu’elle aurait tenues un peu au-dessus de la tête, elle pourrait donc bouger, et voir venir les coups. Qu’on ne lui fouetterait en principe que les reins et les cuisses, bref, de la taille aux genoux […] Tout ne lui serait pas infligé à la fois, elle aurait le loisir de crier, de se débattre et de pleurer. On la laisserait respirer, mais quand elle aurait repris haleine, on recommencerait, jugeant du résultat non par ses cris ou ses larmes, mais, par les traces plus ou moins vives ou durables, que les fouets laisseraient sur sa peau.2Ibid, 42.

Un des habitués de Roissy donne les instructions à O:

« Vous êtes ici au service de vos maîtres. Le jour durant, vous ferez telle corvée qu’on vous confiera pour la tenue de la maison, comme de balayer, ou de ranger les livres ou de disposer les fleurs, ou de servir à table. Il n’y en a pas de plus dures. Mais vous abandonnerez toujours au premier mot de qui vous l’enjoindra, ou au premier signe, ce que vous faites, pour votre seul véritable service, qui est de vous prêter. Vos mains ne sont pas à vous, ni vos seins, ni tout particulièrement aucun des orifices de votre corps, que nous pouvons fouiller et dans lesquels nous pouvons nous enfoncer à notre
gré. Par manière de signe, pour qu’il vous soit constamment présent à l’esprit, ou aussi présent que possible, que vous avez perdu le droit de vous dérober, devant nous vous ne fermerez jamais tout à fait les lèvres, ni ne croiserez les jambes, ni ne serrerez les genoux (comme vous avez vu qu’on a interdit de faire aussitôt votre arrivée), ce qui marquera à vos yeux et aux nôtres que votre bouche, votre ventre, et vos reins nous sont ouverts. […] Mais outre celui qui vous sera donné par qui le désirera, vous serez punie du fouet le soir pour manquement à la règle dans la journée : c’est-à-dire pour avoir manqué de complaisance, ou levé les yeux sur celui qui vous parle ou vous prend : vous ne devez jamais regarder un de nous au visage. Dans le costume que nous portons à la nuit, et que j’ai devant vous, si notre sexe est à découvert, ce n’est pas pour la commodité, qui irait aussi bien autrement, c’est pour l’insolence, pour que vos yeux s’y fixent, et ne se fixent pas ailleurs, pour que vous appreniez que c’est là votre maître, à quoi vos lèvres sont avant tout destinées. Dans la journée, où nous sommes vêtus comme partout, et où vous l’êtes comme vous voilà, vous observerez la même consigne, et vous aurez seulement la peine, si l’on vous en requiert, d’ouvrir vos vêtements, que vous refermerez vous-même quand nous en aurons fini de vous. En outre, à la nuit, vous n’aurez que vos lèvres pour nous honorer, et l’écartement de vos cuisses, car vous aurez les mains liées au dos, et serez nue comme on vous a amenée tout à l’heure ; on ne vous bandera les yeux que pour vous maltraiter, et maintenant que vous avez vu comment on vous fouette, pour vous fouetter. A ce propos, s’il convient que vous vous accoutumiez à recevoir le fouet, comme tant que vous serez ici vous le recevrez chaque jour, ce n’est pas tant pour notre plaisir que pour votre instruction. Cela est tellement vrai que les nuits où personne n’aura envie de vous, vous attendrez que le valet chargé de cette besogne vienne dans la solitude de votre cellule vous appliquer ce que vous devrez recevoir et que nous n’aurons pas le goût de vous donner. Il s’agit en effet, par ce moyen, comme par celui de la chaîne qui, fixée à l’anneau de votre collier, vous maintiendra plus ou moins étroitement à votre lit plusieurs heures par jour, beaucoup moins de vous faire éprouver une douleur, crier ou répandre des larmes, que de vous faire sentir, par le moyen de cette douleur, que vous êtes contrainte, et de vous enseigner que vous êtes entièrement vouée à quelque chose qui est en dehors de vous. Quand vous sortirez d’ici, vous porterez un anneau de fer à l’annulaire, qui vous fera reconnaître : vous aurez appris à ce moment-là à obéir à ceux qui porteront ce même signe – eux sauront à le voir que vous êtes constamment nue sous votre jupe, si correct et banal que soit votre vêtement, et que c’est pour eux. Ceux qui vous trouveraient indocile vous ramèneront ici. On va vous conduire dans votre cellule. »
3Ibid, 47.

Un autre jour à Roissy, en la présence de son amant René et trois hommes:

O se mit à genoux sur le tapis, sa robe verte en corolle autour d’elle. Son corset la serrait, ses seins, dont on voyait la pointe, étaient à la hauteur des genoux de son amant. « Un peu plus de lumière », dit un des hommes. Lorsqu’on eut prit le temps de diriger le rayon de la lampe de façon que la clarté tombât d’aplomb sur son sexe et sur le visage de sa maîtresse, qui en était tout près, et sur ses mains qui le caressaient par-dessous, René ordonna soudain : « Répète : je vous aime. » O répéta « je vous aime », avec un tel délice que ses lèvres osaient à peine effleurer la pointe du sexe, que protégeait encore sa gaine de douce chair. Les trois hommes, qui fumaient, commentaient ses gestes, le mouvement de sa bouche refermée et resserrée sur le sexe qu’elle avait saisi, et le ong duquel elle montait et descendait, son visage défait qui s’inondait de larmes chaque fois que le membre gonflé la frappait jusqu’au fond de la gorge, repoussant la langue et lui arrachant une nausée. 4Ibid, 51.

Les femmes de Roissy sont toujours sexuellement disponibles pour les valets du château. Les valets ont le droit de les punir immédiatement par le fouet si elles ne respectent pas les règles. Parfois, ils les fouettent par instructions des maîtres. Ils aussi aident avec la flagellation quotidienne.

Il y avait des jours où O etait abondonée toute seule dans l’obscurité.

Ses lèvres entre les jambes, qui la brûlaient, lui étaient interdites, et la brûlaient peut-être parce qu’elle les savait ouvertes à qui voudrait : au valet Pierre, s’il lui plaisait d’entrer. Elle s’étonnait que le souvenir du fouet qu’elle avait reçu la laissât aussi sereine, alors que la pensée qu’elle ne saurait sans doute jamais lequel des quatre hommes lui avait par deux fois forcé les reins, et si c’était les deux fois le même, et si ce n’était pas son amant, la bouleversait. Elle glissa un peu sur le ventre, songea que son amant aimait le sillon de ses reins, qu’à la réserve de ce soir (si c’était lui) il n’avait jamais pénétré. Elle souhaita que c’eût été lui ; lui demanderaitelle ? Ah ! jamais.5Ibid, 57.

Pierre la cravachait à toute volée. Il n’attendit pas qu’elle se tût, et recommença quatre fois, en prenant soin de cingler chaque fois ou plus, haut ou plus bas que la fois précédente, pour que les traces fussent nettes. Il avait cessé qu’elle criait encore, et que ses larmes coulaient dans sa bouche ouverte.6Ibid, 60.

Son amant est revenu avec un autre homme:

[L]e pied lui manqua, elle se retrouva étendue sur le dos, la bouche de René sur sa bouche ; ses deux mains lui plaquaient les épaules sur le lit, cependant que deux autres mains sous ses jarrets lui ouvraient et lui relevaient les jambes. Ses mains à elle, qui étaient sous ses reins (car au moment où René l’avait poussé vers l’inconnu, il lui avait lié les poignets en joignant les anneaux des bracelets), ses mains furent effleurées par le sexe de l’homme qui se caressait au sillon de ses reins, remontait et alla frapper au fond de la gaine de son ventre. Au premier coup elle cria, comme sous le fouet, puis à chaque coup, et son amant lui mordit la bouche. L’homme la quitta d’un brusque arrachement, rejeté à terre comme par une foudre, et lui aussi cria. René défit les mains d’O, la remonta, la coucha sous la couverture. L’homme se relevait, il alla avec lui vers la porte. Dans un éclair, O se vit, délivrée, anéantie, maudite. Elle avait gémi sous les lèvres de l’étranger comme jamais son amant ne l’avait fait gémir, crié sous le choc du membre de l’étranger comme jamais son amant ne l’avait fait crier. Elle était profanée et coupable. S’il la quittait, ce serait juste. Mais non, la porte se refermait, il restait avec elle, revenait, se couchait le long d’elle, sous la couverture, se glissait clans son ventre humide et brûlant, et la tenant embrassée, lui disait : « Je t’aime. Quand je t’aurai donnée aussi aux valets, je viendrai une nuit te faire fouetter jusqu’au sang. »7Ibid, 66.

René l’a rappelé gentiment des règles:

O allait répondre qu’elle était son esclave, et portait ses liens avec joie. Il l’arrêta : « On t’a dit hier que tu ne devais, tant que tu serais dans ce château, ni regarder un homme au visage, ni lui parler. Tu ne le dois pas davantage à moi, mais te taire, et obéir. Je t’aime. Lève-toi. Tu n’ouvriras désormais ici la bouche, en présence d’un homme, que pour crier ou caresser [faire une fellation]. »8Ibid, 69.

Un jour lorsque Jeanne, une des femmes de Roissy, aidait à s’habiller O, René est entré. Il a donné à O l’ordre de lui regarder avec Jeanne pendant l’acte sexuel.

Il quitta Jeanne pour prendre [O] dans ses bras, l’appelant son amour et sa vie, répétant qu’il l’aimait. La main dont il lui caressait la gorge et le cou était moite de l’odeur de Jeanne. Et après ? Le désespoir qui l’avait noyée reflua : il l’aimait, ah ! il l’aimait. Il était bien maître de prendre plaisir à Jeanne, ou à d’autres, il l’aimait. « Je t’aime, disaitelle à son oreille, je l’aime », si bas qu’il entendait à peine. 9Ibid, 71.

Une autre nuit, un jeune maitre est entré et a accouplé deux habitués de Roissy, Monique et Jeanne, en présence d’O.

Il leur dit d’apporter le pouf (c’était le pouf contre lequel on avait renversé O à plat ventre la veille). Monique n’attendit pas d’autres ordres, elle s’agenouilla, se pencha, la poitrine écrasée contre la fourrure et tenant à pleines mains les deux coins du pouf. Lorsque le garçon fit relever par Jeanne la jupe rouge, elle ne bougea pas. Jeanne dut alors, et il en donna l’ordre dans les termes les plus brutaux, défaire son vêtement, et prendre entre ses deux mains cette épée de chair qui avait si cruellement, au moins une fois transpercé O. Elle se gonfla et se raidit contre la paume refermée, et O vit ces mêmes mains, les mains menues de Jeanne, qui écartaient les cuisses de Monique au creux desquelles, lentement, et à petites secousses qui la faisaient gémir, le garçon s’enfonçait. 10Ibid, 79.

Un visiteur du château s’est plaint de la taille de l’anus d’O. Cela était suivi par le premier exemple de modification brutale de son corps afin d’élargir son anus. Elle a été obligée de porter un « plug » anal pendant 8 jours.

Désormais, huit jours durant, entre la tombée du jour où finissait son service dans la bibliothèque et l’heure de la nuit, huit heures ou dix heures généralement, où on l’y ramenait – quand on l’y ramenait –enchaînée et nue sous une cape rouge, O porta fixée au centre de ses reins par trois chaînettes tendues à une ceinture de cuir autour de ses hanches, de façon que le mouvement intérieur de ses muscles ne la pût repousser, une tige d’ébonite faite à l’imitation d’un sexe dressé.11Ibid, 80.

Au repas du soir, que les filles prenaient ensemble dans le même réfectoire, mais après leur bain, nues et fardées, O la portait encore, et du fait des chaînettes et de la ceinture, tout le monde pouvait voir qu’elle la portait. Elle ne lui était enlevée, et par lui, qu’au moment où le valet Pierre venait l’enchaîner, soit au mur pour la nuit si
personne ne la réclamait, soit les mains au dos s’il devait la reconduire à labibliothèque. Rares furent les nuits où il ne se trouva pas quelqu’un pour faire usage de cette voie ainsi rapidement rendue aussi aisée, bien que toujours plus étroite que l’autre. Au bout de huit jours aucun appareil ne fut plus nécessaire et son amant dit à O qu’il était heureux qu’elle fût doublement ouverte, et qu’il veillerait à ce qu’elle le demeurât.12Ibid, 81.

Chaque jour et pour ainsi dire rituellement salie de salive et de sperme, de sueur mêlée à sa propre sueur, elle ‘se sentait à la lettre le réceptacle d’impureté, l’égout dont parle l’Ecriture Et cependant les parties de son corps les plus constamment offensées, devenues plus sensibles, lui paraissaient en même temps devenues plus belles, et comme anoblies : sa bouche refermée sur des sexes anonymes, les pointes de ses seins que des mains constamment froissaient, et entre ses cuisses écartelées les chemins de son ventre, routes communes labourées à plaisir. Qu’à être prostituée elle dût gagnez en dignité étonnait, c’est pourtant de dignité qu’il s’agissait.

Lorsque René l’avertit qu’il la laissait, la nuit était déjà tombée. O était nue dans sa cellule, et attendait qu’on vînt la conduire au réfectoire. Son amant, lui, était vêtu comme à l’ordinaire, d’un costume qu’il portait en ville tous les jours. Quand il la prit dans ses bras, le tweed de son vêtement lui agaça la pointe des seins. Il l’embrassa, la coucha sur le lit, se coucha contre elle, et tendrement et lentement et doucement la prit, allant et venant dans les deux voies qui lui étaient offertes, pour finalement se répandre dans sa bouche, qu’ensuite il embrassa encore.
« Avant de partir, je voudrais te faire fouettera dit-il, et cette fois je te le demande. Acceptes-tu ? » Elle accepta.
« Je t’aime, répéta-t-il, sonne Pierre. »13Ibid, 83.

Une fois, elle s’est réveillée enchaînée et n’a pas eu qu’un vague souvenir de ce qui s’est passé.

Il n’y avait plus ni jour ni nuit, jamais la lumière ne s’éteignait. Pierre, ou un autre valet indifféremment, remettait sur le plateau de l’eau, des fruits et du pain quand il n’y en avait plus,, et la conduisait se baigner dans un réduit voisin. Elle ne vit jamais les hommes qui entraient, parce qu’un valet entrait chaque fois avant eux pour lui bander les yeux, et détachait le bandeau seulement quand ils étaient partis. Elle perdit aussi leur compte, et leur nombre, et ses douces mains ni ses lèvres caressant à l’aveugle ne surent jamais reconnaître qui elles touchaient. Parfois ils étaient plusieurs, et le plus souvent seuls, mais chaque fois, avant qu’on s’approchât d’elle, elle était mise à genoux face au mur, l’anneau de son collier accroché au même piton où était fixée la chaîne, et fouettée.

Il y avait trois mois, trois jours qu’elle attendait, ou dix jours, ou dix ans.14Ibid, 88.

O devait partir du château. René l’a emmené à la maison de son demi-frère, Sir Stephen. Elle a eu un penchant pour Sir Stephen qui était un maître beaucoup plus dur que René.

O se détesta de son propre désir, et détesta Sir Stephen pour l’empire qu’il avait sur lui-même. Elle voulait qu’il l’aimât, voilà la vérité : qu’il fût impatient de toucher ses lèvres et de pénétrer son corps, qu’il la saccageât au besoin, mais qu’il ne pût devant elle garder son calme et maîtriser son plaisir. Il lui était bien indifférent, à Roissy, que ceux qui se servaient d’elle eussent quelque sentiment que ce fût : ils étaient les instruments par quoi son amant prenait plaisir à elle, par quoi elle devenait ce qu’il voulait qu’elle fût, polie et lisse et douce comme une pierre. Leurs mains étaient ses mains, leurs ordres ses ordres. Ici non. René l’avait remise à Sir Stephen, mais on voyait bien qu’il voulait la partager avec lui, non pas pour obtenir d’elle davantage, ni pour la joie de la livrer, mais pour partager avec Sir Stephen ce qu’il aimait aujourd’hui le plus, Comme sans doute jadis, quand ils étaient plus jeunes, ils avaient ensemble partagé un voyage, un bateau, un cheval. 15Ibid, 128.

Elle n’osait regarder au visage Sir Stephen, mais voyait ses mains dénouer la ceinture de sa robe. Quand il eut enjambé O toujours à genoux et qu’il l’eut saisie par la nuque, il s’enfonça dans sa bouche. Ce n’était pas la caresse de ses lèvres le long de lui qu’il cherchait, mais le fond de sa gorge. Il la fouilla longtemps, et O sentait gonfler et durcir en elle le bâillon de chair qui l’étouffait, et dont le choc lent et répété lui arrachait les larmes. Pour mieux l’envahir, Sir Stephen avait fini par se mettre à genoux sur le sofa de part et d’autre de son visage, et ses reins reposaient par instants sur la poitrine d’O, qui sentait son ventre, inutile et dédaigné, là brûler. Si longuement que Sir Stephen se complût en elle, il n’acheva pas son plaisir, mais se retira d’elle en silence, et se remit debout sans refermer sa robe.
« Vous êtes facile, O, lui dit-il. Vous aimez René, mais vous êtes facile. René se rend-il compte que vous avez envie de tous les hommes qui vous désirent, qu’en- vous envoyant à Roissy ou en vous livrant à d’autres, il vous donne autant d’alibis pour votre propre facilité ?
— J’aime René, répondit O.
— Vous aimez René, maïs vous avez envié de moi, entre autres », reprit Sir Stephen.16Ibid, 132.

Sans la lâcher, Sir Stephen lui ordonna brusquement de se caresser elle-même, mais-de ne pas refermer les jambes. Saisie, elle allongea docilement vers son ventre sa main droite, et rencontra sous ses doigts, déjà dégagée de la toison qui la protégeait, déjà brûlante, l’arête de chair où se rejoignaient les fragiles lèvres de son ventre. Mais sa main retomba, et elle balbutia : « Je ne peux pas. » Et en effet, elle ne pouvait pas. Elle ne s’était jamais caressée que furtivement dans la tiédeur et l’obscurité de son lit, quand elle dormait seule, sans jamais chercher jusqu’au bout le plaisir. Mais elle le trouvait parfois plus tard en rêve, et se réveillait déçue qu’il eût été si fort à la fois et si fugace. Le regard de Sir Stephen insistait. Elle-ne put le soutenir et, répétant « je ne peux pas », ferma les yeux. Ce qu’elle revoyait, et n’arrivait pas à fuir, et qui lui donnait le même vertige de dégoût que chaque, fois qu’elle en avait été témoin, c’était quand elle avait quinze ans, Marion renversée dans le fauteuil de cuir d’une chambre d’hôtel, Marion une jambe sur le bras du fauteuil et la tête à demi pendante sur l’autre bras, qui se caressait devant elle et gémissait. Marion lui avait raconté qu’elle s’était un jour caressée ainsi dans son bureau, quand elle se croyait seule, et que le chef de son service était entré à l’improviste et l’avait surprise.17Ibid, 133.

Certaines expériences de ses années jeunes la mettent mal à l’aise avec la masturbation. Donc elle a refusé d’obéir à Sir Stephen.

« C’est cela votre obéissance ? » dit-il. Puis de, la main gauche il lui prit les deux poignets, et de la droite la gifla à tour de bras. Elle chancela, et serait tombée s’il ne l’avait maintenue. Mettez-vous à genoux pour m’écouter, dit-il, je crains que René ne vous ait bien mal, dressée. — J’obéis toujours à René, balbutia-t-elle. — Vous confondez l’amour et l’obéissance. Vous m’obéirez sans m’aimer, et sans que je vous aime. » Alors elle se sentit soulevée de la révolte la plus étrange, niant en silence à l’intérieur d’elle-même les paroles qu’elle entendait, niant ses promesses de soumission et d’esclavage, niant son propre consentement, son propre désir, sa nudité, sa sueur, ses jambes tremblantes, le cerne de ses yeux. Elle se débattit en serrant les dentsde rage quand l’ayant fait se courber, prosternée, les coudes à terre et tête entre ses bras, et la soulevant aux hanches, il força ses reins pour la déchirer comme René avait dit qu’il la déchirerait. Une première fois elle ne cria pas. Il s’y reprit plus brutalement, et elle cria. Et à chaque fois qu’il se retirait, puis revenait, donc à chaque fois qu’il le décidait, elle criait. Elle criait de révolte autant que de douleur, et il ne s’y trompait pas. Elle savait aussi, ce qui faisait que de toute façon elle était vaincue, qu’il était content de la contraindre à crier. Lorsqu’il en eut fini, et qu’après l’avoir fait relever, il fut sur le point de la renvoyer, il lui fit remarquer que ce que de lui il avait répandu en elle, allait peu à peu en s’échappant d’elle se teinter du sang de la blessure qu’il lui avait faite, que cette blessure la brûlerait tant que ses reins ne se seraient pas faits à lui, et qu’il continuerait à en forcer le passage.[…] Il lui rappela qu’elle avait consenti à être l’esclave de René et la sienne, mais il lui paraissait peu probable qu’elle sût, en toute connaissance de cause, à quoi elle s’était engagée. Lorsqu’elle l’aurait appris, il serait trop tard pour qu’elle échappât.18Ibid, 135.

Cependant, elle restait soumise à ses ordres. Après quelques jours, il l’a dit:

« O, je vais te mettre un bâillon, parce que je voudrais te fouetter jusqu’au sang, lui dit-il. Me le permets-tu ?
— Je suis à vous », dit O.19Ibid, 159.

Malgré les sentiments d’O pour Sir Stephen, elle toujours pensait à son premier amoureux, René. Elle toujours considérait comme son maître qui connaît ses besoins et désires.

O était heureuse que René la fît fouetter et la prostituât parce que sa soumission passionnée donnerait à son amant la preuve de son appartenance, mais aussi parce que la douleur et la honte du fouet, et l’outrage que lui infligeaient ceux qui la contraignaient au plaisir quand ils la possédaient et tout aussi bien se complaisaient au leur sans tenir compte du sien, lui semblaient le rachat même de sa faute. Il y avait des étreintes qui lui avaient été immondes, des mains qui sur ses seins étaient une intolérable insulte, des bouches qui avaient aspiré ses lèvres et sa langue comme de molles et ignobles sangsues, et des langues et des sexes, bêtes gluantes, qui se caressant à sa bouche fermée, au sillon de toutes ses forces, serré de son ventre et de ses reins, l’avaient raidie de révolte, si longuement que le fouet n’avait pas été de trop pour la réduire, mais auxquels elle avait fini par s’ouvrir, avec un dégoût et une servilité abominables. Et si malgré cela Sir Stephen avait raison ? Si son avilissement lui était doux ? Alors, plus sa bassesse était grande, plus René était miséricordieux de consentir à faire d’O l’instrument de son plaisir.20Ibid, 144.

Sir Stephen was interested in Jacqueline, a client of O and a femme fatale fashion model. He asked O to seduce her. He wanted to “recruit” her into their BDSM secret society of Roissy.

Ici, O stupéfaite releva la tête et regarda Sir Stephen. Pourquoi ? Pourquoi Jacqueline ? Et si Jacqueline intéressait Sir Stephen, pourquoi était-ce par rapport à O ? « Il y a deux raisons, dit Sir Stephen. La première, et la moins importante, est que je désire vous voir embrasser et caresser une femme [cunnilingus].

[L]a seconde raison pourquoi je désire qu’elle soit à vous, c’est qu’il vous faudra l’emmener à Roissy. »21Ibid, 177.

O was hesitant at first but she knew she could pursue her like she did with other girls in the past. After all, she finds her very attractive.

Quelques-unes lui cédaient, qu’elle emmenait dans des hôtels trop discrets, aux couloirs étroits et aux cloisons transparentes à tous les bruits, d’autres la repoussaient avec horreur. Mais ce qu’elle s’imaginait être du désir n’allait pas plus loin que le goût de la conquête.22Ibid, 142.

[L]e goût qu’elle avait pour la douceur de très douces lèvres peintes cédant sous les siennes, pour l’éclat d’émail ou de perle des yeux qui se ferment à demi dans la pénombre des divans, à cinq heures d’après-midi, quand on a tiré les rideaux et allumé la lampe sur la cheminée, pour les voix qui disent : encore, ah ! je t’en prie, encore, pour la tenace odeur marine qui lui testait aux doigts, ce goût-là était réel et profond. Aussi vive était la joie que lui donnait la chasse.23Ibid, 148.

Jacqueline eventually surrenders herself to O’s pursuit.

Elle se laissa embrasser et caresser, les yeux fermés, sans répondre par une seule caresse, gémit d’abord à peine, puis plus fort, puis encore plus fort, et enfin cria. Elle s’endormit dans la pleine lumière de la lampe rose, en travers du lit, genoux retombés et disjoints, le buste un peu de côté, les mains ouvertes. On voyait briller la sueur entre ses seins. O la recouvrit, éteignit. Deux heures plus tard, quand elle la reprit, dans le noir, Jacqueline se laissa faire, mais-murmura : « Ne me fatigue pas trop, je me lève tôt demain. »24Ibid, 193.

Meanwhile Sir Stephen continued to violently “use” O. In his office…

O se trouva courbée sur le bureau, la tête et les bras appuyés contre le cuir, la croupe offerte, attendant que Sir Stephen la pénétrât […] Elle qui se prêtait toujours de son mieux était malgré elle contractée et jointe, et Sir Stephen dut la forcer. Même lorsqu’il l’eut fait, elle sentait que l’anneau de ses reins se serrait autour de lui, et il eut de la peine à s’enfoncer en elle complètement. Il ne se retira d’elle que lorsqu’il put aller, et venir en elle sans difficulté.25Ibid, 197.

Then he told her that he’s got plans for her, without specific details, and that he’ll send her to a friend of his, Anne-Marie. A few days later, she’s sent to a mansion in Samois where she was received by Anne-Marie and her assistants Colette and Yvonne. To O’s shock, she finds out that she’s about to have her labia pierced and buttocks branded:

« Bien entendu, dit Anne-Marie, lorsque O lui en fit, la réflexion. Tu as tout de même bien compris ce que veut Sir Stephen ? Quiconque, à Roissy, ou ailleurs, lui ou n’importe qui d’autre, même toi devant la glace, quiconque relèvera ta jupe verra immédiatement ses anneaux à ton ventre, et si on le retourne, son chiffre sur tes reins. Tu pourras peut-être un jour faire limer les anneaux, mais le chiffre tu ne l’effaceras jamais.
— Je croyais, dit Colette, qu’on effaçait très bien les tatouages. »

« O ne sera pas tatouée », répondit AnneMarie, O regarda Anne-Marie. Colette et Yvonne se taisaient, interloquées. Anne-Marie hésitait à parler.
« Allons, dites, dit O.
— Mon pauvre petit, je n’osais pas t’en parler : tu seras marquée au fer. Sir Stephen me les a envoyés il y a deux jours. — Au fer ? cria Yvonne. — Au fer rouge. »26Ibid, 219.

It was all to be done while she’s conscious and in absence of any sedatives.

After the piercing was complete. It was time for O to get branded:

Sur l’estrade, il y avait un gros réchaud rond à une bouche: Anne-Marie pris les sangles dans le placard et fit lier étroitement O à la taille et aux-jarrets, le ventre contre une des colonnes. On lui lia aussi les mains et les pieds. Perdue dans son épouvante, elle sentit la main d’Anne-Marie sur ses reins, qui indiquait où poser les fers, elle entendit le sifflement d’une flamme, et dans un total silence, la fenêtre qu’on fermait. Elle aurait pu tourner la tête, regarder. Elle n’en avait pas la force. Une seule abominable douleur la transperça, la jeta hurlante et raidie dans ses liens, et elle ne sut jamais qui avait enfoncé dans la chair, de ses fesses les deux fers rouges à la fois, ni quelle voix avait compté lentement jusqu’à cinq, ni sur le geste de qui ils avaient été retirés. Quand on la détacha, elle glissa dans les bras d’Anne-Marie, et eut le temps, avant que tout eût tourné et noirci autour d’elle, et qu’enfin tout sentiment l’eût quittée, d’entrevoir, entre deux vagues de nuit, le visage livide de Sir Stephen.27Ibid, 227.

A pendant was attached to the ring on her labia which carried information identifying her “owner”: Sir Stephen. Also, her buttocks now display his initials, S and H. She wore it all with pride.

Sir Stephen started showing her off to his friends. He encouraged them to use her too. He gave that welcome to two guests, one of whom O had seen before.

L’homme qu’elle avait rencontré à Roissy eut vite fait d’elle, exigeant aussitôt sans quitter son fauteuil ni la toucher du bout des doigts, qu’elle s’agenouillât devant lui, lui prît et lui caressât le sexe, jusqu’à ce qu’il pût se répandre dans sa bouche. Après quoi, il la fit le rajuster, et partit. Mais le garçon roux que la soumission d’O, ses fers, et ce qu’il avait aperçu des lacérations sur son corps bouleversaient, au lieu de se jeter sur elle comme O s’y attendait, la prit par la main, descendit avec elle l’escalier sans un regard aux sourires narquois des garçons, et ayant fait appeler un taxi, l’emmena dans sa chambre d’hôtel. Il ne la laissa s’en aller qu’à la nuit tombée, après lui avoir avec frénésie labouré le ventre et les reins, qu’il lui meurtrit, tant il était épais et roide, et rendu fou par la soudaine liberté où il était pour la première fois de pénétrer une femme doublement, comme de se faire embrasser par elle, de la même façon qu’il venait de voir qu’on pouvait l’exiger d’elle (ce qu’il n’avait jamais osé demander à personne).28Ibid, 234.

Jacqueline had been developing a romantic relationship with René. She was aware of O’s status as a willing sex slave for him. O asked her if she slept with René, which she denied.

« Tu mens, mon chéri, tu es stupide. Tu as bien le droit de coucher avec lui. Et ce n’est pas une raison pour me repousser. Laisse-moi te caresser, je te raconterai Roissy. »

« Raconte », dit-elle ensuite à O.
« Oui, dit O. Mais embrassemoi d’abord le bout des seins. Il est temps que tu t’habitues, si tu veux servir à quelque chose à René. »29Ibid, 239.

Not only was O betraying Jacqueline through her hidden agenda on behalf of Sir Stephen. She even let him watch as they had sex:

Pour que Sir Stephen – dont O se disait qu’elle eût, à la place de Jacqueline, pressenti, deviné, perçu la présence invisible –, pût la voir en détail, O eut soin à plusieurs reprises de lui renverser les jambes en les lui maintenant ouvertes en pleine lumière : elle avait allumé la lampe de chevet. Les volets étaient tirés, la chambre presque obscure, malgré des rais de clarté à travers les bois mal jointés. Jacqueline gémit plus d’une heure sous les caresses d’O, et enfin les seins dressés, les bras rejetés en arrière, serrant à pleines mains les barreaux de bois qui formaient la tête de son lit à l’italienne, commença à crier lorsque O, terrant écartés les lobes ourlés de cheveux pâles, se mit à mordre lentement la crête de chair où se rejoignaient, entre les cuisses, les fines et souples petites lèvres. O la sentait brûlante et raidie sous sa langue, et la fit crier sans relâche, jusqu’à ce qu’elle se détendît d’un peul coup, ressorts cassés, moite de plaisir. Puis elle la renvoya dans sa chambre, où elle dormit.30Ibid, 243.

In their evenings together, O had shown Jacqueline the ring between her legs and the marks on her buttocks. She was horrified. However, she was still curious about the “freak show” of Roissy. Later on, a distance grew between Jacqueline and O. She fell in love with a film director and didn’t even bother to see or tell René.

Jacqueline shared the graphic stories of O and Roissy with her younger step-sister Natalie. Unlike her older sister, Natalie was actually interested in this lifestyle. She begged O to be initiated at Roissy after she revealed that she had been eavesdropping on the two women having sex:

« Je l’ai entendue, O, je vous ai entendues, j’ai écouté à la porte. Tu l’embrasses, tu la caresses. Pourquoi tu ne me caresses pas moi, pourquoi tu ne m’embrasses pas ? C’est parce que je suis noire, et pas jolie ? Elle ne t’aime pas, O, et moi je t’aime. » Et elle éclata en sanglots.
« Allons bon », se dit O. Elle poussa la petite fille dans un fauteuil, prit un grand mouchoir dans sa commode (c’était unmouchoir de Sir Stephen) et quand les sanglots de Natalie furent un peu calmés, lui essuya le visage. Natalie lui demanda pardon, en lui baisant les mains.
« Même si tu ne veux pas m’embrasser, O, garde-moi près de toi. Garde-moi près de toi tout le temps. Si tu avais- un chien, tu le garderais bien. Si tu ne veux pas m’embrasser, mais que ça t’amuse de me battre, tu peux me battre, mais ne me renvoie pas.
— Tais-toi, Natalie, tu ne sais pas ce que tu dis », murmura O tout bas.31Ibid, 245.

After Jacqueline’s departure from O’s life, her sister Natalie confronted her and asked whether she still thought about her:

C’était vrai, mais pas tout à fait. Ce qui manquait à O n’était pas à proprement parler Jacqueline, mais l’usage d’un corps de fille, dont elle pût faire ce qu’elle voulût. Natalie ne lui eût pas été interdite, elle aurait pris Natalie, et le seul motif qui l’empêchait de violer l’interdit était la certitude qu’on lui donnerait Natalie à Roissy dans quelques semaines, et que ce serait auparavant devant elle, et par elle, et grâce à elle, que Natalie serait livrée. […] Elle le dit à Natalie, qui secoua la tête, et ne la crut pas. « Si Jacqueline était là, dit-elle, et voulait bien, tu la caresserais. — Bien sûr, dit O en riant. — Tu vois bien… », reprit l’enfant. Comment lui faire comprendre, et cela valait-il la peine, que non, O n’était pas tellement amoureuse de Jacqueline, ni d’ailleurs de Natalie, ni d’aucune fille en particulier, mais seulement des filles en tant que telles, et comme on peut être amoureuse de sa propre image trouvant toujours plus émouvantes et plus belles les autres qu’elle ne se trouvait ellemême. Le plaisir qu’elle prenait à voir haleter une fille sous ses caresses, et ses yeux se fermer, à faire dresser la pointe de ses seins sous ses lèvres et sous ses dents, â s’enfoncer en elle en lui fouillant le ventre et les reins de sa main – et la sentir se resserrer autour de ses doigts en l’entendant gémir lui tournait la tête –, ce plaisir n’était si aiguque parce qu’il lui rendait constamment présent et certain le plaisir qu’elle donnait à son tour, lorsqu’à son tour elle se resserrait sur qui la tenait, et gémissait, à cette différence qu’elle ne concevait pouvoir être ainsi donnée à une fille, comme celle-ci lui était donnée, mais seulement à un homme.

Ici, et comme elle repensait, le cœur battant, aux lèvres délicates et si roses de Jacqueline sous la fourrure blonde de son ventre, à l’anneau plus délicat et rose encore entre ses fesses qu’elle n’avait osé forcer que trois fois, elle entendit Sir Stephen bouger, dans sa chambre.32Ibid, 258-260.

Sir Stephen walked in her room and asked Natalie to bring a box of items to prepare O for an evening which would make the final scene of the story. At the final scene, she was nude except for an owl-like mask. Sir Stephen asked Natalie to walk around the room holding onto a leash attached to O’s vaginal rings. She was paraded like a dog before the guests. The party crowd gawked at her as if she were an object.

De minuit jusqu’à l’aube, qui commença de blanchir le ciel à l’est vers cinq heures, à mesure que la lune faiblissait
en descendant vers l’ouest, on s’approcha d’elle plusieurs fois, jusqu’à la toucher, on fit cercle plusieurs fois autour d’elle, plusieurs fois on lui ouvrit les genoux, en soulevant sa chaîne […] pour voir comment sa chaîne lui était fixée
[…] il y eut encore une fille très jeune, les épaules nues et un tout petit collier de perles au cou, dans une robe blanche de premier bal pour jeune fille, deux roses-thé à la taille, et de petites sandales dorées aux pieds, qu’un
garçon fit asseoir tout contre O, à sa droite ; puis il lui prit la main, la força à caresser les seins d’O, qui frémit sous la légère main fraîche, et de toucher le ventre d’O, et l’anneau, et le trou où passait l’anneau ; la petite obéissait en silence, et lorsque le garçon lui dit qu’il lui en ferait autant, elle n’eut pas un mouvement de recul. Mais
même en disposant ainsi d’O, et même en la prenant ainsi comme modèle, ou comme objet de démonstration, pas une seule fois on lui adressa la parole.

Ce fut seulement le plein jour venu, tous les danseurs partis, que Sir Stephen et le Commandant réveillant Natalie qui dormait aux pieds d’O, firent lever O, l’amenèrent au milieu de la cour, lui défirent sa chaîne et son masque, et la renversant sur une table, la possédèrent tour à tour.33Ibid, 267.

At the end of the book, the reader is told in italics that eventually Sir Stephen abandons O and returns her to Roissy. But the text also mentions an alternative ending:

Il existe une seconde fin à l’histoire d’O. C’est que, se voyant sur le point d’être quittée par Sir Stephen, elle préféra mourir. Il y consentit.34Ibid, 269.

Note: All the above controversial passages are available in the English language here.

Print Friendly, PDF & Email

Endnotes[+]